5 ans déjà et maintenant ?
Il y a cinq ans, à l’issue du colloque de Cerisy, « Vers une république des biens communs ? » , était créée La Coop des Communs « pour croiser les univers des communs et de l’ESS, grâce notamment aux apports conjoints de la recherche et des initiatives mises en œuvre et à l’entretien d’une communauté apprenante et décloisonnée ».
Au sein de notre association regroupant des personnes physiques, quelle que soient, par ailleurs leur attaches professionnelles ou idéologiques, nous avons au cours de cette période permis de multiples rencontres et découvertes autour de ce qui nous fait converger : les communs.
En interne les échanges ont été nourris grâce à un nombre croissant de groupes de travail créés et animés par des membres de la Coop avec le soutien et l’accompagnement de membres du comité d’animation (CA). Certains groupes sont plus avancés que d’autres, mais peu importe, les échanges qui s’y produisent montrent que « l’entretien de la confiance au sein de la communauté est au cœur du projet de La Coop des Communs, qui tente de s’expérimenter comme un commun. » Tout ce qui a été réalisé résulte de l’engagement significatif de certains tant chez les praticiens que chez les chercheurs, sachant que nous ne manquons pas de personnes portant, en même temps, les deux casquettes de l’action et de la réflexion. Nous avons pu également pu faire avancer les choses grâce à l’accompagnement financier de quelques partenaires du secteur public ou de l’Economie Sociale et Solidaire.
En ce début d’année 2022, nous allons recruter une salariée sur un poste FONJEP recherche, Emeline Baudet. Au cours des prochaine semaines, elle va prendre contact avec les uns et les autres pour identifier les jalons du chemin que nous souhaitons parcourir ensemble dans le futur proche. Ceci nourrira les échanges du comité d’animation et de l’assemblée générale. Sachant que les communs trouvent leur vigueur dans la vivacité des communautés qui les font vivre, il est important que le passage du Rubicon de l’institutionnalisation ne fasse pas disparaître ce qui nous caractérise : « La Coop des Communs tente de transposer dans ses méthodes et outils de travail les principes des communs : ce que nous sommes (la communauté), ce que nous faisons (mutualiser des connaissances pour expérimenter) et la façon dont le faisons (co-construction ouverte sur le monde) forment un tout indissociable. »
Le passage à ce nouveau stade a été rendu possible par une reconnaissance par l’extérieur de ce qui se réalise au sein de La Coop des Communs, que ce soit sur les plateformes coopératives ou sur les communs de proximité et le travail sur les collectivités locales. Reconnaissant notre capacité d’identification des communs, certains mouvements se sont rapprochés de nous pour les accompagner dans leurs propres évolutions, par exemple « la tournée des tiers lieux » à la suite de la tenue de la Convention citoyenne sur le climat. D’autres souhaitent cherchent, avec nous, comment rester manœuvrants lorsque les pouvoirs publics tentent de les labelliser à leurs standards ou de les instrumentaliser.
A chaque fois nous rappelons que nous ne sommes pas un organisme certificateur qui apposerait un label « 100% pur communs », mais que nous essayons d’être un lieu de convergences contribuant à mieux faire percevoir la place et le rôle que peuvent prendre les communs dans notre société. Les communs reposent sur des communautés auto-gouvernés, y compris dans le numérique et les tiers lieux.
Dans le prolongement de notre récent agrément « éducation populaire », il sera important d’identifier la façon dont La Coop des Communs pourra contribuer à un renforcement de la connaissance et des pratiques de communs.
L’extension des champs des possibles pour les communs et le développement des communications diverses sur ce concept sont des bonnes choses. La Coop des Communs ne peut que se réjouir d’y avoir contribué par l’enrichissement des débats. Mais le revers de la médaille est que le concept de communs est galvaudé voire récupéré dans un « common washing » qui chez certains n’est qu’un hommage du vice à la vertu. Nous ne sommes pas dupes du fait que certains jouent de l’ambivalence entre le concept de « bien commun » et celui des « communs ». Les naturalistes savent comment certains individus aiment à « se parer des plumes du paon ». Sachant que nous sommes entrés dans une période électorale nous savons que ceci vaut également avec la classe politique surtout lorsqu’elle est davantage soucieuse de communication que de réflexion idéologique.
Que faire face à cela, davantage labourer notre terrain en donnant toujours plus d’ampleur à nos registres d’action :
- ÉCLAIRER, THÉORISER, IDENTIFIER
- RELIER LES COMMUNS ET LEURS PROMOTEURS AVEC L’ESS
- APPUYER LE DÉVELOPPEMENT COLLECTIF DES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ
Voire en ajouter de nouveaux. Tout ceci dépend de nous tous.
Le bureau de La Coop des Communs (Nicole Alix, Jean-Louis Bancel, Benjamin Coriat)